Né d’une révolte numérique en 2012, le mouvement des « pigeons » — terme inversé en verlan en « geonpi » —, visait à défendre les entrepreneurs français contre des réformes fiscales jugées pénalisantes. Aujourd’hui, cette mobilisation est souvent perçue comme le symbole d’un militantisme libéral désenchanté, à la fois éphémère et peu structuré. Retour sur une fronde aux allures de buzz viral, et son héritage mitigé.
À l’automne 2012, une vague de contestation déferle sur les réseaux sociaux. À l’origine : des entrepreneurs dénonçant une taxe sur les plus-values. Se qualifiant eux-mêmes de « pigeons », ils expriment leur mécontentement via Facebook et Twitter. Ils reprochent au gouvernement d’entraver l’esprit d’entreprise en France.
Le succès du mouvement est fulgurant. Les réseaux sociaux amplifient leur message afin d’obliger le gouvernement français à revoir sa copie. Pourtant, l’élan militant se montre aussi fragile qu’éphémère. Dès 2013, la grogne s’essouffle, et d’autres mouvements éclosent sans véritable impact durable, comme les « moutons » ou les « poussins » créés en réaction à d’autres politiques.
Ce type de mobilisation révèle les paradoxes du militantisme libéral. D’une part, il mise sur des revendications de court terme, centrées sur l’intérêt individuel ou entrepreneurial. D’autre part, il souffre d’un manque d’engagement dans la durée et d’une organisation structurée, ce qui limite sa portée politique. Si l’exemple des « geonpi » reste marquant, il témoigne surtout d’une époque où la viralité prime sur la profondeur du débat public.
Avec le recul, cette fronde entrepreneuriale incarne l’ambivalence d’un activisme digital : puissant dans l’instant, mais sans réel projet de société. En somme, un roucoulement bruyant, mais éphémère, dans le ciel du militantisme contemporain.